BLACK FACES IN COLOR

Courtesy Patrick Dodd


Patrick Dodd est né d’une mère française et d’un père afro-américain. Il passe sa jeunesse en France : il y apprend à peindre. Il s’intéresse au travail de Jean Dubuffet (1901-1985), son inspiration majeure. Dans les années 90, il rencontre la famille de son père à Ann Arbor, Michigan, aux États-Unis. Patrick y fait ses études universitaires. Titulaire d’un PhD sur L’esthétisme de la lenteur chez Dany Laferrière, il y examine les mécanismes racio-idéologiques propres à l’écrivain haïtien. Il démontre que son discours de résistance réside dans la destruction de la dichotomie race/raciste, opprimé/oppresseur, femme/homme, maître/ esclave. Laferrière brise les discours qui ont été construits par le colonisé puis le post-colonisé, de Césaire à Fanon, de Senghor à Diop. Ils sont le fruit de l’effort qui contredit les idées à l’origine du mythe du Nègre. En poussant leur critique à l’extrême, ils ont dénudé le Nègre de tout mythe. Laferrière le réhabilite dans son mythe. Dodd montre que son œuvre nous l’offre comme un nouvel espace d’exploration. D’où la prégnance de cette vision dans sa propre création. 

Courtesy Patrick Dodd

Il s’inspire de Dubuffet pour la forme ; le fond lui vient des questions raciales : elles font de lui un artiste engagé. Le moteur de sa création est fait d’images de Noirs que l’Occident ostracise. Sa démarche crée un choc salutaire. Avec des textes et des peintures, Dodd réitère un slogan cher aux Noirs : « Ne jamais oublier, car les enfants du continent n’oublient pas leur malheur. » Il réinvente de nouvelles possibilités picturales. Dans son répertoire, on voit des Noirs en prison, au chômage ou violentés. Outre Dany Laferrière, Dodd puise également ses thèmes dans les idées qui appartiennent à Frantz Fanon et Aimé Césaire — qu’il a rencontré dans son bureau de Fort de France. [...]

Puisque notre visage est sombre, Dodd le rehausse de couleurs vives. Pour lui, il faut colorer le Noir, y mettre un rouge vif, par exemple. La série de visages peinturés incite à les regarder, à les admirer. L’humanité qui y brille est bouleversante. 

Par FRIEDA EKOTTO , professeur de littérature comparée, d’études afro-américaines et africaines University of Michigan Ann Arbor. 

Extrait de "I-dendity", Numéro 4 de la revue Afrikadaa paru en février. Pour lire la revue : http://www.afrikadaa.com/p/la-revue.html   

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